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De nombreuses cases de « Modeste et Pompon » et de « Gaston » témoignent de la passion qu’André Franquin vouait aux taupes. En proposant à Frédéric Jannin de dessiner les mésaventures d’ « Arnest Ringard et Augraphie », il réalisait un rêve d’enfance : hisser cet animal au rang de héros de BD !
André Franquin a toujours aimé le dessin de Frédéric Jannin. Il y voyait une verve, un dynamisme, une hardiesse qui, selon lui, manquaient cruellement à ses petits dessins trop tatillons (il était d'une modestie qui frôlait le masochisme). En 1977, il a donc recruté Jannin pour le « Trombone Illustré », le supplément « pirate » de « Spirou ». Ainsi naquit « Germain et Nous ».
Quand le « Trombone » s’est sabordé, Franquin et Delporte se sont fait du souci pour le jeune Jannin. Le créateur de « Gaston » a sorti d'un tiroir de sa mémoire un vieux projet jamais réalisé. Son grand-père avait un jardin potager, et faisait la guerre aux taupes. L'opposition de deux mondes, au-dessus et en dessous de la surface du sol, amusait Franquin, et il a offert le thème au jeune dessinateur. Delporte s'occuperait des dialogues.
Enfin réunis en album, ces courts et hilarants récits décrivent le monde d'Arnest Ringard, un homme aux goûts vulgaires (roses en plastique, nains de jardin…). Il est en conflit permanent avec Augraphie, une taupe qui s'est installée sous le sol de son jardin-dépotoir. C'est une taupe raffinée, au langage châtié, qui écoute Mozart et collectionne les plus beaux timbres-poste, dont elle fait de minuscules sous-verre pour décorer son salon. Arnest cherche à la déloger par les moyens les plus divers.
Arnest Ringard s'exprime de façon très vulgaire, mais –heureusement pour les oreilles sensibles - il intervertit les syllabes, formant ainsi une contrepèterie.
« Mortel de Berthe ! », « Mutin de perte ! » ou « Don de mieux ! » n'attirent guère l'attention des yeux innocents. « Ces causes de mes rouilles » (à
propos de roses en plastique) intrigue un peu, mais ne scandalise que ceux qui ont l'esprit, comme on dit, mal tourné.
Les planches sont complétées par « La leçon de dessin », un dossier de 24 pages qui reprend les commentaires écrits et, surtout, dessinés de Franquin. En effet, Jannin faxait chaque planche à Franquin, qui lui donnait alors un cours particulier de narration et d’efficacité franquinienne.
voir le dossier Franquin : La
taupe au logis
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