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Morris, Franquin, Peyo et le dessin animé

Franquin, avant de se lancer dans la bande-dessinée, a commencé sa carrière dans un studio belge de dessin animé : CBA (Compagnie Belge d’Actualités).

C’est un épisode, certes bref, de la carrière du dessinateur, entre sa sortie prématurée de l’Institut St Luc (pour cause de deuxième guerre mondiale) et l’entrée aux éditions Dupuis et à Spirou. Pourtant c’est à cette occasion que Franquin rencontrera d’autres futurs artistes dessinateurs qui feront partie des fondateurs de ce courant de BD européen : l’école dite « de Marcinelle ». 

André Franquin, vivant alors chez ses parents, et complètement désoeuvré, est approché par Paul Nagant, le propriétaire de CBA à qui il avait remis quelques dessins par le biais d’Eddy Paape qui l’avait « repéré » à l’Institut St Luc. Il est embauché directement au poste d’animateur. Il va donc côtoyer dans une cette petite équipe Morris (embauché comme gouacheur), Peyo, Paape, Salmon. Il apprendra son métier en même temps que les autres, en s’inspirant des réalisations venues des Etats-Unis, et notamment la production Disney. 

Mais cette période sera éphémère, et le studio fermera ses portes du jour au lendemain, mettant ces dessinateurs devant un choix de reconversion. Ayant également tâté aux bobines de films fixes, la bande dessinée semble un media proche de ce qu’ils produisaient jusqu’alors. Morris avait déjà entamé une collaboration avec les éditions Dupuis pour lesquelles il fournissait des dessins. C’est tout naturellement qu’il va présenter ses amis à l’éditeur qui cherche du sang neuf pour ses publications Le Moustique et Le journal de Spirou. C’est surtout dans Spirou qu’ils sont très attendus par Jijé qui réalise à lui seul la moitié des illustrations et séries de l’hebdomadaire. 

Très rapidement, Franquin et Paape reprennent des séries de Jijé, dont le héros-titre pour Franquin. Morris pour sa part, produit Lucky Luke, personnage qu’il a inventé à l’origine pour le dessin animé. Les premiers épisodes de Lucky Luke sont d’ailleurs dans un style qui évoque énormément les strips de Disney. Les personnages sont très ronds avec des membres aux articulations imprécises, des mains avec quatre doigts. Les épisodes comportent des scènes d’actions très cinématographiques, et un découpage proche d’un story board. 

Mais l’histoire de ces auteurs et leur rapport avec le dessin animé ne s’arrête pas là… Et si on relit leurs albums, on comprendra sans doute pourquoi leurs images ont tant de mouvement alors qu’elle sont sur un support figé.


Le livre de Philippe Capart et d’Erwin Dejasse, retrace, avec une multitude de superbes documents, l’histoire de ces artistes, à partir de leur rencontre chez CBA et les prémices de ce qu’aurait pu être un cinéma d’animation belge… Une alternative au cartoon américain ? 

Puis, les auteurs explorent, dans le chapitre intitulé « Secrets de fabrication », tous ces détails pris dans les bandes dessinées de Peyo, Morris et Franquin, qui attestent de cette filiation au dessin animé, et le constant soucis de produire des « bandes animées ». Il s’agit sans doute de l’explication à ce sentiment de vie qui émane des dessins de Franquin. 

Pourtant, ce sont les productions de Peyo et Morris que l’on verra sur grand écran (puis sur le petit) quelques quarante ans après l’épisode CBA. Les quelques tentatives d’adaptation de Gaston ou du Marsupilami n’avaient pas convaincu Franquin ; ce sont donc principalement les « schtroumpfs » qui connaîtront une deuxième vie en dessin animé, suivis de près par le valeureux cow-boy de Morris. Mais c’est grâce aux studios américains qu’ils atteindront cette renommée mondiale, les premiers balbutiements avec des studios lancés par Dupuis, Dargaud et la télévision belge s’étant avérés peu convaincants. 

Cet excellent ouvrage est l’aboutissement d’un véritable travail de recherche documentaire. Il permet ainsi pour la première fois de recenser tout ce matériel audiovisuel que l’on croyait définitivement perdu. Si l’ouvrage donne une filmo-bibliographie complète de ces trois auteurs, il apporte, « cerise-sur-le-gâteau », un témoignage en image. Le DVD qui accompagne le livre restitue l’intégralité des dessins animés réalisés par nos dessinateurs fétiches. Bien sûr, le résultat est très maladroit et loin des exigences actuelles, mais il est pourtant très émouvant, comme le sont les vieux exemplaires jaunis de Spirou. 



Les images ci-contre issues du livre et du DVD sont copyright Editions de l'an 2

 

 

 

 

 

 




La séquence du chat de la mère Michèle par Franquin

Présentation de l'éditeur
Lucky Luke, les Dalton, Gaston, le Marsupilami ou les Schtroumpfs sont devenus d'incontournables icônes de notre culture populaire. Ces personnages ont accompagné des millions de lecteurs et continuent de nourrir l'imaginaire des nouvelles générations. Avant de devenir les auteurs vedettes du journal Spirou et des éditions Dupuis, Morris, Franquin et Peyo se sont rencontrés dans un petit studio d dessins animés : la CBA. Peu connus, ces débuts ont imprégnés en profondeur leurs créations futures. Ce livre met en lumière le rôle fondamental joué par le cinéma d'animation dans l'élaboration de leur génie créatif. Philippe Capart et Erwin Dejasse ont réuni un nombre considérable de sources, interviews et documents. 

Richement illustré, ce livre est accompagné d'un DVD présentant les films de la CBA. Morris, Franquin, Peyo et le dessin animé relate une épopée méconnue aux ramifications aussi complexes que passionnantes, qui renouvelle ce que l'on croyait savoir de ces grands auteurs.

Morris, Franquin, Peyo 
et le dessin animé

Philippe Capart & Erwin Dejasse
éditions de l’AN 2 
www.editionsdelan2.com 


Format 22 x 30 cm à l’italienne, cartonné -
136 pages en couleur
ISBN 2-84856-035-5 
Publication : novembre 2005
 

Les entêtes des rubriques rédactionnelles du journal étaient illustrées par des dessins de Franquin.
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