Jidéhem
Jean de Mesmaeker, connu sous le pseudonyme de Jidéhem,
entre en BD en 1954. Il dessine notamment la série " Ginger " pour
les Héroics Albums. En 1957, il intègre l’équipe
du " Journal de Spirou ". Il assistera André Franquin
dans ses séries de l’époque en intégrant
son atelier qui accueille également Roba.
Il collabore à la série " Spirou et Fantasio " pour
quelques histoires courtes pour "Spirou-Poche", et prend en charge
les décors à partir de l’épisode " La
foire aux gangsters " et jusqu’à " Panade à
Champignac ".
La même année, Franquin lui cède l’illustration
de la chronique automobile de " Spirou " et le personnage
de Starter.
Il travaille également avec Franquin sur les décors
de " Gaston Lagaffe ", personnage que Franquin, surchargé de
travail, pensait lui confier, avant de se raviser opportunément.
Il a tout de même apporté son nom au de Mesmaeker
de la série, dont il avait trouvé une ressemblance
avec son propre père.
Franquin :
"J'ai fait les gags tout seul, avec Jidéhem aux décors
(...). Et le style Jidéhem marquait déjà fort
la série. Je faisais un crayonné assez poussé,
et très poussé pour le personnage, et il encrait
presque toute la planche. Il a même encré le personnage,
ce qui fait que, dans les premiers Gaston, on voit un personnage
assez "jidéhémesque", c'est-à-dire
assez raide...
(...), je m'en suis rendu compte relativement vite, je l'ai repris
en main pour le réarrondir. Mais dans mon esprit c'était
une série destinée à être entièrement
reprises par Jidéhem. Je souhaitais le roder là-dedans
afin de lui passer le relais dans un délai assez bref. Mais
j'ai senti qu'il s'y trouvait à l'aise pour tout sauf pour
le personnage qui ne collait pas avec son style naturel de dessin.
Un jour il m'a avoué : "Gaston, finalement, je
ne le sens pas : il est trop souple pour moi. Jidéhem est fait
pour animer des personnages plus secs, plus durs, comme Ginger.
Il s'est donc concentré sur les décors, et j'ai gardé Gaston
pour moi. J'ai bien fait d'ailleurs, je n'ai pas à le regretter".
Franquin – Et Franquin créa Lagaffe.
Jidéhem :
"J'ai travaillé aux côtés de Franquin à partir
de 1954. Roba était là aussi. En trois ou quatre
ans, nous avons produit une dizaine d'albums en travaillant énormément.
Franquin prenait constamment notre avis et recommençait
souvent ses dessins. Il avait une facilité fantastique mais
il souffrait beaucoup sur ses planches. Il m'a transmis un peu
de cette rigueur et aussi, je l'espère, sa science du découpage.
Gaston est né comme bouche-trou pour le journal ; quand
une publicité passait en France et n'était pas reprise
en Belgique, ou le contraire, on remplissait l'espace vacant avec
un
dessin de Gaston. Franquin ne croyait pas beaucoup dans ce personnage
et il a même voulu le remettre entièrement entre mes
mains. Mais je le "sentais" moins bien que lui, et petit à petit
Franquin s'est pris au jeu. C'est quelqu'un de très secret,
de très compliqué, qui est perpétuellement
en doute. Sa jovialité apparente est toute superficielle." |