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" Il faut s'empresser de remettre la technique à sa place. Ce n'est qu'un moyen. Il vous vient automatiquement, à force de travail.
Bien avant la technique, il y a le dessin, tout simplement. La technique doit suivre..."
 

Le pinceau

" Le pinceau est plus difficile. Au début du moins.
On travaille avec un outil plus fuyant que la plume. Mais il faut aller au-delà de ce stade un peu pénible pour découvrir les grandes possibilités du pinceau dans le trait.
On pourrait penser que le pinceau donne forcément un trait peu précis, lourd. C'est vrai si on utilise les pinceaux du commerce non spécialisé, ceux qu'on achète pour les enfants qui veulent colorier les livres d'images. Il existe de très bons pinceaux dont les soies ont du ressort.
Le pinceau ne donne pas nécessairement un trait mou. Il donne surtout un trait bien délié, souple.
Et quand on a dépassé le stade des premières difficultés c'est un outil très aisé à manier.

Finalement, le pinceau donne un style différent, un trait plus souple. Quoique, maintenant, il existe aussi toutes sortes de plumes ; il y en a, par exemple, qui imitent admirablement le pinceau !
Il faut soigner le pinceau très minutieusement.
Si on oublie de l'encre dedans, il va se mettre à faire deux pointes, ce qui est extrêmement énervant. Donc, il faut constamment nettoyer son pinceau, avoir un pot d'eau sur sa table, le rincer soigneusement, le sucer même, quitte à bouffer de l'encre de Chine.

Les premiers "Spirou" sont faits à la plume, tout simplement parce qu'au Studio Gillain j'étais entouré de gens qui dessinaient à la plume, et rien ne m'exaspérait plus que le bruit de la plume grattant le papier ! "

 
   
 

La plume

" Au début, je travaillais au pinceau ; j'étais entouré de dessinateurs qui travaillaient à la plume, et on me conseillait d'en faire autant. On prétendait que ça allait plus vite. Moi, ça m'énervait, le travail à la plume, parce que les entendait grincer autour de moi ! Et puis je me suis dit : " Bon. Je vais quand même essayer ".
Alors, j'ai été dans un grand magasin, j'ai demandé: "- Ce sont des plumes pour le dessin ?
- Oui.
- Donnez-m'en une boîte ".
Et je suis rentré chez moi avec une boîte de plumes ; il devait y en avoir cent, deux cents, je ne sais plus. Et j'ai dessiné pendant douze ans avec ces plumes-là. Il s'agissait de plumes " à profiler ", Sommerville, je crois.
La Sommerville est une plume dure, résistante. Il faut appuyer très fort au début et puis elle s'use, elle se rode, et elle devient très douce... alors elle casse ! C'est très ennuyeux. On essaie toujours de garder l'usage d'une plume le plus longtemps possible.

Je trouve le dessin à la plume plus nerveux. Tellement nerveux que le jour où je me suis remis au pinceau, ça m'a fait un bien énorme. Je me suis assagi !
Pour " Gaston Lagaffe ", j'ai commencé au pinceau ; cela se voit un peu, car le dessin est plus lourd.
Mais je suis rapidement revenu à la plume.
Le lettrage est toujours fait à la plume. "

 
   
 

Le Rotring

" C'est une toute autre technique.
Le Rotring est un porte-plume à encre de Chine dont tu peux à volonté changer la pointe ; de sorte que tu as la possibilité de faire des détails d'une finesse extraordinaire ou bien de travailler en traits plus épais.
Mais c'est toujours un peu du grattage : quand tu commences à gratouiller avec un Rotring, tu en as pour des heures !
Seulement, le Rotring permet d'obtenir un noir "moisi", vieillot, malsain, qui colle bien avec le principe des "Idées noires".
Ainsi toutes les " atmosphères " de ces planches y sont faites à l'encre... et à la patience !
Par exemple, la planche 23 des " Idées Noires " est un petit morceau de bravoure exécuté au Rotring. J'adore dessiner ces petites fumées en "réservant " -terme technique-, et lorsque tu enlèves du noir, tu arrives à cette espèce de poudre de lumière qui s'en va. "

 
   
 

Le crayon

" J'ai fait ma carrière en soignant mon crayonné. J'ai même souvent dessiné au crayon les pleins et les déliés, avec le souci que cela soit impeccable.

Il y a des tas de choses que je mets au point au crayon, quitte à les recommencer dix fois, et l'encrage n'en déviera plus.
On a parfois dit que mon style de dessin était du "faux croquis" : ce n'est pas du faux croquis, ce n'est même pas du vrai croquis, ce n'est pas du croquis du tout !...
C'est un dessin fait avec beaucoup de soin, d'une façon très appliquée ! Qu'il ait l'air " lancé ", qu'il ressemble à du croquis, c'est une autre histoire ; ce n'est pas une question de travail technique, c'est simplement ma manière de concevoir les formes...

Je suis d'une très grande patience, au crayon. Je peux rester des heures à dessiner au crayon, comme ce portrait de Champignac qui est dans ma salle à manger. "

 
   
 
" Quand j’ai commencé à dessiner des monstres j’avais l’impression qu’ils feraient peur. Eh bien non, ils ont fait rigoler tout le monde… !"
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