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News : L'expo : Le catalogue

Arnest Ringard et la taupe Augraphie...
Franquin au scénario 


   

C'est en 1977 que la rencontre entre Franquin, Delporte et Frédéric Jannin a eu lieu... C'était à l'occasion du supplément "underground" au journal de Spirou : "Le trombone illustré". 
Franquin aimait le dessin dépouillé et vif de ce jeune dessinateur tout juste âgé de 19 ans... 

Dès le premier numéro du "Trombone", Jannin publie sa série "Germain et nous...". Les scénarios sont écrits en collaboration avec son copain d'enfance, Thierry Culliford, le fils de Peyo. Il produira également pour le "trombone" de nombreux dessins illustrant des articles signés généralement du non de Nana, un des pseudonymes d'Yvan Delporte.

Mais le beau rêve du Trombone ne dure que de mars à octobre 1977, et Jannin se retrouve donc sans journal pour publier ses petites bédés. 

Delporte et Franquin, soucieux de l'avenir de leur jeune collaborateur, vont lui concocter une petite série, à publier dans le journal de Spirou, dont l'idée traînait déjà depuis quelques temps dans le cerveau prolifique de Franquin. 

Depuis très longtemps, Franquin a une sorte de passion pour les taupes... Dans le journal de Tintin, son personnage Modeste fait la guerre aux taupes qui agrémentent son jardin de taupinières disgracieuses... Dans Gaston, il invente l'appeau à taupes, qui permettra à Gustave, le fermier, de les emmener sur les terres de son voisin cultivateur... Il voulait lancer une série avec une taupe en personnage principal, mais ne trouva jamais le temps ni le courage de la lancer... 

Cette série aura donc pour personnage principal, une taupe vivant dans le sous-sol du jardin d'un banlieusard très "beauf" et qui se voit affubler du doux patronyme "Ringard". 

Pour sa part, la taupe, portera le nom d'Augraphie, pour ne pas déroger à la tradition du calembour delportien... Elle aurait donc tout aussi bien pu s'appeler Inambourg, voire Aloff, comme d'autres taupes au logis. 

L'aventure de la première saison de "Ringard & Augraphie" commencera dans le numéro 2088 de Spirou (20-04-1978), qui fête alors son quarantième anniversaire... S'ensuivront jusqu'au milieu de l'année 1980, une cinquantaine de planches à un rythme très décousu et dans un format non standard, les histoires pouvant aller du gag en une planche à une narration en 3 ou 4 planches, au gré de l'inspiration des auteurs... 

Entre-temps, Frédéric Jannin reprend dans Spirou sa série "Germain et Nous" ainsi que d'autres collaborations... Petit à petit, la série disparaît du journal. 

Les Editions Dupuis, cependant, éditent un album en 1981, dans la toute nouvelle série "Carte Blanche". Mais les ventes resteront trop insuffisantes pour envisager des rééditions, voire un encouragement de la part de l'éditeur à la poursuite de la série. 

Il faudra attendre l'année 1993 pour voir le retour de "Ringard & Augraphie" dans Spirou. La rédaction du journal estime, en effet, que la série "Germain et nous..." commence à s'essouffler et ne correspond plus à l'esprit du journal dont le titre est désormais "Spirou Magaziiine". Jannin se voit proposer de donner une nouvelle vie à la BD de la taupe, avec toujours Franquin et Delporte aux commandes du scénario. 

Cette deuxième "saison", qui sera très présente pendant toute l'année 1995, par la reprise des premières planches parues en 1978, redessinées par Jannin qui bénéficiera des conseils éclairés de son maître : Franquin (par échanges de fax), verra sa publication devenir de plus en plus épisodique jusqu'à fin 1998. 

Toute cette nouvelle production, qui représente environ 90 planches, est restée inédite jusqu'à octobre 2006 où Marsu Productions publie ce recueil de l'intégrale des planches de Jannin... Cet album comprend un cahier supplémentaire en noir et blanc dans lequel Jannin nous ouvre ses archives des télécopies qu'il échangea avec Franquin, où ce dernier porta de nombreuses annotations, donnant ainsi à Jannin un cours particulier de narration figurative...




L'histoire, les personnages...

L'affreux Arnest Ringard veut se débarrasser de cette taupe, pour rendre à son morceau de pelouse l'aspect de dépotoir qu'il avait avant l'intrusion de l'animal fouisseur. Il est vrai que le jardinet est encombré de boîtes de conserves, de bouteilles, et autres ordures ménagères, qui ne laissent que peu de place aux très peu poétiques fleurs en plastiques et nains de jardins qui pourtant sont des objets d'agrément pour le propriétaire des lieux. 

Mais un pacte est conclu entre la taupe et l'humain. Ce sera plutôt un bail, par lequel la taupe sera légalement locataire du sous-sol du jardin contre le paiement d'un loyer d'une pièce d'or par mois. En effet, la taupe a trouvé de nombreuses choses enterrées sous le gazon, dont un coffre remplit de Louis d'or...

Augraphie, bien que taupe, n'est pas myope ni aveugle. C'est un être intelligent et raffiné qui se construit en sous-sol un habitat de qualité, avec les objets qu'elle récupère ou qu'elle vole, voire qu'elle achète par correspondance chez Manusuisse à Roubaix... Elle dispose du téléphone, de l'électricité, d'une piscine, etc. 

Hormis les histoires amusantes qui opposent ces deux personnages, les titres et les dialogues, signés par Yvan Delporte, sont très truculent et contiennent de multiples sens. Ainsi, Arnest Ringard qui est un personnage très vulgaire, profère de nombreux jurons qui sont cachés par des contrepèteries ou des changements de lettres... Ainsi on connaît les fameuses contrepèteries : «Mutin de Perte », « Don de Mieux », « Cause de mes rouilles » (à propos d'une rose), mais aussi quelques approximations : « Sonneries », « Bol d'air », « Petite perdeuse »... 



 


Arnest Ringard 
et
 Augraphie 

L'intégrale


Marsu Productions 2006
Dessins : Jannin
Scénarios : Franquin
Dialogues : Delporte

 

 

 

 

 

 








 

Les mêmes images issues de l'album Dupuis en  1981

Les entêtes des rubriques rédactionnelles du journal étaient illustrées par des dessins de Franquin.
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