Gaston
1965-1966
Bien sûr qu'il est fatigué notre ami Gaston... Ces années 1965-1966 ont
été très laborieuses pour ce héros, champion de la flemme et du
tire-au-flanc.
Ce cinquième recueil nous permet de suivre à la trace, les petits pas bleus du
héros-sans-emploi dans le bel hebdomadaire Spirou.
Depuis quelques mois déjà, Gaston occupe la moitié de la couverture du
journal, avec un gag en une demi-planche, le haut de la couverture étant
destiné à annoncer les séries qui paraissent dans le journal.
A partir du numéro 1435 (14/10/1965), le magazine adopte une
nouvelle présentation et devient tout en couleurs. Désormais la couverture
sera destinée à un dessin pleine page annonçant une série contenue dans le
journal. Gaston offre la première couverture, avec un formidable feu d'artifice
annonçant des couleurs partout (dessin réalisé par Will). Gaston se
retrouve à la troisième page du journal, mais occupe une pleine page, où le
gag en une demi-planche est complété d'un texte humoristique écrit par Yvan
Delporte et illustré par Franquin et Jidéhem. Il s'agit bien évidemment des
savoureuses rubriques "En direct de la rédaction". Ces
rubriques se poursuivront jusqu'en août 1966.
Durant ces années, Franquin réalisera régulièrement des couvertures avec
Gaston. Il se souvient d'ailleurs de quelques démêlés consécutives à une
célèbre couverture de la mise en orbite d'un chauffe-eau au gaz : II
n'y a qu'avec le Gaz de France que j'ai eu des ennuis, à propos d'un gag de
Gaston paru en couverture de Spirou représentant un chauffe-eau satellisé.
Cela essayait de rappeler ces illustrations de l'époque ou l'on voyait des
satellites tourner autour de la Terre ; et c'était Gaston qui avait satellisé
un chauffe-eau en voulant le réparer... Cette couverture paraît, et quelques
numéros après, je lis dans Spirou une publicité pour un méthanier, puis, la
semaine suivante, un article sur les travaux d'un gazoduc, et ainsi de suite
durant quelques semaines. Je me dis : «Qu'est-ce que ça fout là ? ». je me
renseigne et j'apprends que le Gaz de France avait été scandalisé par ma
couverture et qu'il avait écrit à Dupuis : «Messieurs, un chauffe-eau, ça
n'explose pas ; vous nous faites une contre-publicité inacceptable ! » C'est
te dire si l'on trouve encore plus fort qu'un militaire ou qu'un curé ! Le plus
formidable de cette histoire est que les éditions Dupuis aient accepté de
compenser le «tort inacceptable» en passant une série de publicité pour les
activités du Gaz de France !... Moi, je n'en avais pas été informé. J'ai
fait, avec Delporte, une caricature des exigences du G.D.F. : durant plusieurs
semaines (plus de 6 mois !), dans Spirou, nous avons passé une série
d'articulets et d'images pour faire la promotion des Ponts de chez
Ducran-Lapoigne et Cie...
«Et Franquin créa la gaffe» page 66 
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