
Dans son chef d'oeuvre, Gaston Lagaffe, Franquin cherchait constamment à en
donner à son lecteur. Il n'hésitait pas à introduire une multitude de petits
détails qui augmentaient le caractère comique de ses planches et incitaient le
lecteur à faire de multiples relectures...
C'est en 1970, au bas de la planche 644 qu'il commence à introduire une
caractéristique qui restera célèbre et unique dans le monde de la BD (même
si certains l'ont imité par la suite, en gardant à la chose un caractère
d'hommage) : la signature animée.
En effet, depuis
quelques mois déjà, Franquin signe ses planches en dehors du cadre, en bas à
droite. Il s'agit d'une signature comme au bas d'une lettre écrite à un ami.
De planche en planche, sa signature évolue en fonction de l'humeur, et prend de
multiples forme sans jamais devenir méconnaissable.
Mais à la planche 644, le gag dessiné par Franquin trouve un prolongement dans
la signature elle-même. Gaston et Lebrac sont, dans la dernière case, pris
dans un nuage de fumée du à un moteur "propre" mis au point par le
gaffeur... Les deux personnages toussent fortement tout en échappant aux
émanations toxiques. La signature de Franquin tousse également : FranqrrRRHEUH...
Ce que Franquin vient de faire là est un gag supplémentaire. On l'imagine en
train de rigoler à sa table de travail pendant qu'il signe cette planche, tout
comme nous mêmes nous nous amusons de cette idée géniale.
Le "premier pas" était fait. Cependant les planches suivantes
resteront avec des signatures ordinaires jusqu'à la planche 658 où une
espadrille fumante projetée hors du cadre de la dernière case vient atterrir
au côté de la signature et marquer ainsi le "deuxième pas" !
Puis dans les planches qui suivirent, Franquin va peu à peu systématiser ce
procédé qui deviendra une véritable marque de fabrique, puisqu'au delà de
Gaston, il l'utilisera dans toute sa production graphique, avec toujours ce
soucis qu'il existe un rapport entre le gag de la planche et le contenu de sa
signature.
L'album "Les signatures de Franquin" reprend l'intégralité de ces
signatures en bas des planches de Gaston.
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